«La crise est le creuset du leadership et de l’entrepreneuriat»

« Les questions posées en ce moment par le monde des start-up valent pour toutes les entreprises, qu’elles soient publiques, du CAC 40, ou groupes familiaux », écrivent Mouna Sepehri et Patrick Ropert du cabinet de conseil aux dirigeants Orson.

« Les questions posées en ce moment par le monde des start-up valent pour toutes les entreprises, qu’elles soient publiques, du CAC 40, ou groupes familiaux », écrivent Mouna Sepehri et Patrick Ropert du cabinet de conseil aux dirigeants Orson.

Alors que se sont réunis cette semaine près de 2 000 entrepreneurs et investisseurs du numérique au France digitale day, pour la première fois les questions de leadership et de management ont été au cœur des débats. La crise a en effet mis à rude épreuve les organisations décontractées et sans hiérarchie, remisant ainsi l’esprit « baby-foot » symbole d’une génération. Lesstart-up sont, comme toutes les entreprises, confrontées aux enjeux de performance et de management en situation de pandémie. Elles doivent aussi faire face à des discussions de plus en plus musclées avec leurs investisseurs. Ces périodes d’incertitude et de mutation jouent de fait un rôle de révélateur de leadership.

Le monde a toujours été caractérisé par une succession de crises, mais aujourd’hui l’accélération des changements sociaux, économiques, technologiques et climatiques accroît de fait la complexité. Dans ce contexte, les dirigeants d’entreprise doivent démontrer des capacités qui vont bien au-delà de simples compétences techniques et managériales pour faire face à des menaces nouvelles et systémiques, saisir les opportunités et conduire leur entreprise sur la voie du succès. Pour atteindre leurs objectifs, ils doivent être capables de voir plus loin que leur seul domaine de responsabilité. Ne pas se contenter de prendre en considération leur propre champ d’action, mais avoir une vision large, stratégique, et de long terme. Dans une époque où se multiplient les experts techniques, cela requiert la capacité de pouvoir embrasser de grands enjeux simplement et synthétiquement. Les leaders sont ceux qui endossent naturellement une responsabilité systémique.

Ce que sous-tendent ces compétences est la capacité de se projeter dans plusieurs futurs. La pandémie mondiale a brutalement distingué ceux qui avaient anticipé de ceux qui n’en avaient pas été capables, nous rappelant combien se préparer est capital. Il s’agit non seulement d’anticiper les mauvaises nouvelles, pour que l’entreprise puisse survivre à la prochaine crise, mais aussi les bonnes, afin de percevoir et de saisir les opportunités à venir. La complexité de notre monde a définitivement besoin d’esprits capables d’anticipation et de projection, afin de composer avec l’entrelacement des problématiques sociales, internationales et environnementales. Les futurs leaders doivent pouvoir, en évoluant dans les brumes de l’incertitude, appréhender les enjeux stratégiques à l’échelle mondiale tout en excellant au niveau local.

Intuition émotionnelle. Néanmoins, ces compétences rationnelles ne suffisent pas à faire un bon dirigeant. Les vrais leaders doivent aussi faire preuve d’une intuition émotionnelle grâce à laquelle ils peuvent analyser les situations de manière empathique et construire la confiance. C’est ce qui crée l’engagement des salariés, le soutien des clients et l’investissement des actionnaires. Le capital confiance est un actif créateur de grande valeur. Il est au cœur du leadership.

Et ces questions posées en ce moment par le monde des start-up valent pour toutes les entreprises, qu’elles soient publiques, du CAC 40, ou groupes familiaux. Le rôle premier des actionnaires est de nommer les dirigeants. En temps de crise, il est vital que ces dirigeants soient non seulement déterminés et connaisseurs de leurs business mais aussi dotés d’un vrai leadership. Trois constituants clés permettent de déceler ces leaders : leur capacité à endosser une responsabilité holistique, leur capacité à imaginer plusieurs futurs et leur engagement émotionnel.

Paradoxalement, la crise est sans doute le moment le plus favorable pour déceler et saisir de nouvelles opportunités. Conduire une entreprise sur des chemins si incertains est un vrai défi, mais permet aussi de révéler les vrais leaders. En ce sens, nous sommes convaincus que la crise est le creuset du leadership et de l’entrepreneuriat. Elle permet de renforcer la résilience des entreprises et celle des dirigeants, tout en les préparant à affronter la prochaine tempête.

Et c’est d’un tel leadership que notre monde a le plus besoin aujourd’hui, afin d’aider la société dans son ensemble à tenir face à la « crise sans fin » que nous traversons, et d’encourager les évolutions nécessaires pour en sortir plus forts.

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