C’est en 2021 que Patrick Ropert et Mouna Sepehri fondent Orson, un cabinet international de conseil aux dirigeants nourri à l’intelligence artificielle. La rédaction de SeRViR les a rencontrés.
SeRViR : A l’heure de la communication ouverte, les entrepreneurs ont- ils besoin d’un regain de vigilance sur la maitrise des messages ?
Mouna Sepehri : Le rythme des transformations technologiques s’accélère soulevant ainsi de nombreuses promesses et interrogations. Les entrepreneurs de la French Tech ont une responsabilité dans la façon de les porter auprès du public. Parce que leurs sujets sont de rupture, ils sont davantage exposés au risque d’incompréhension de leur stratégie. La meilleure des stratégies doit être comprise pour réussir sa mise en œuvre. Une stratégie réussie c’est 10% de conception et 90% d’exécution. La communication est un des leviers majeurs de la bonne exécution.
Patrick Ropert : Nous apportons une analyse précise sur l’enjeu de la confiance. Les entreprises sont confrontées au défi de concilier objectifs de court et de long terme autant que d’intégrer les points de vue de parties prenantes très diverses. Le capital confiance devient la
priorité absolue de tout PDG. Un haut niveau de confiance des parties prenantes fait gagner du temps et de la force dans l’exécution des ambitions.
SeRViR : Quels sont les enjeux et responsabilités des dirigeants de l’industrie de la Tech ?
Mouna Sepehri : Les dirigeants de la Tech jouent un rôle de connecteur. Ils doivent rendre accessibles et compréhensibles les nouvelles technologies dès lors qu’ils sont pionniers dans le bouleversement d’usages et d’habitudes. L’enjeu pour ces dirigeants est ne pas s’enfermer dans la posture d’expert, mais d’être capable d’incarner le rôle « connecteur » en faisant preuve de pédagogie.
Patrick Ropert : L’innovation chez les licornes dépasse les innovations de produits. Ces entreprises ont des approches du management, de la relation clients et de l’engagement sociétal fondamentalement différentes. Autant de dimensions susceptibles d’accroitre la confiance dans leur projet.
SeRViR : Vous parlez beaucoup de confiance. Pourquoi est-elle devenue un paramètre majeur du leadership ?
Patrick Ropert : Nous vivons dans des sociétés paranoïaques où la multiplication des émetteurs a dévalorisé la parole publique. Aujourd’hui, les dirigeants n’ont pas le choix : ils doivent agir. Cela passe par des dispositifs maîtrisés de vision, de transparence, d’engagement. Les bénéfices sont au rendez- vous car la confiance suscitée est un accélérateur formidable pour délivrer.
SeRViR : Forts de vos convictions, comment voyez-vous le rôle de la French Tech et de ses dirigeants ?
Mouna Sepehri : Les bénéfices de la French Tech sont de créer un forum de communication et d’encourager la convergence et l’identification autour de valeurs fortes. Ce label renforce chaque partie prenante au sein d’un groupe qui peut défendre des intérêts communs avec plus de poids. Les visas internationaux en sont un bon exemple. Toutes les start-up louent ce dispositif qui a accéléré le recrutement de talents et donc la performance des entreprises.
SeRViR : Quels conseils pouvez-donner à la French Tech ?
Patrick Ropert : La French Tech est attendue sur deux rôles : celui de syndicat professionnel de la Tech et celui de connecteur de Mondes. Aucune institution
n’est aussi légitime. En tant que porte-voix des intérêts du secteur, la French Tech doit veiller à être le plus possible à l’écoute des dirigeants pour porter leurs attentes. Et elles sont nombreuses : simplifications administratives, appui à la recherche mais aussi les sujets d’actionnariat, de dilution ou d’actions doubles. En sa qualité de connecteur, la French Tech doit également inventer de nouveaux lieux ouverts à tous et prendre place dans les forums existants pour rassembler tous les entrepreneurs de ce pays. Tout doit être Tech. En agissant ainsi, la French Tech et ses entrepreneurs ont la possibilité d’augmenter leur impact auprès de la puissance publique.
Mouna Sepehri : La French Tech doit aussi être le porte- drapeau du savoir-faire français à l’étranger. Les talents français sont très appréciés et reconnus à l’étranger. Ils jouent souvent des rôles de premier plan. La French Tech peut renforcer le sentiment d’appartenance et de fierté en France. Elle donne une aura incontestable sur la scène extérieure.