3e volet de cette série (cf. premier et deuxième billet) : la force des réseaux.
Les gares se transforment et préfigurent ce qui peut être réalisé au niveau des métropoles
À mes yeux, les gares, muées en city boosters, seront les fers de lance des villes de demain et de leurs réseaux. Dans notre réseau de transport, les grandes gares qui vont vite tirent les petites gares : de même, dans le réseau des villes, les grandes villes doivent tirer les petites villes, dans une problématique d’aménagement du territoire pour développer des villes qui se situent au cœur de plaques territoriales hors des grandes métropoles. Les gares se transforment et préfigurent ce qui peut être réalisé au niveau des métropoles, pour construire des liens de solidarité territoriale, structurer le lien entre les villes et leurs aires urbaines, et favoriser leur fonction de centres de services au sein de leur environnement. La gare doit être le point de départ à partir duquel les petites villes se regrouperont, et le réseau des city boosters doit créer un effet booster au niveau des métropoles. Cette mutation prend tout son sens si on prend le recul nécessaire pour l’observer dans le temps long : un tournant historique est en cours, qui signifie un passage à l’échelle supérieure. Historiquement, depuis le XIXe siècle, la gare a incarné la ville moderne, le chemin de fer est entré dans les cités et les paysages avec la révolution industrielle. Le développement du rail, donc des gares, a désenclavé le pays et l’a fait entrer dans la modernité économique et sociale, au point que le réseau ferroviaire a joué un rôle aussi essentiel dans la révolution industrielle qu’aujourd’hui Internet dans la révolution digitale.
La gare doit être le point de départ à partir duquel les petites villes se regrouperont, et le réseau des city boosters doit créer un effet booster au niveau des métropoles
Demain, nous allons réaliser l’étape suivante : les gares, city boosters, premier carrefour du pays, peuvent contribuer à l’émergence de métropoles repensées, redessinées et mises en réseau, et au-delà porter une dynamique de croissance continue à l’échelle supérieure, au niveau national. Parce que l’intelligence, le savoir et la richesse sont le fruit de coopérations, dans les villes comme dans un pays, la richesse croît avec la vitesse des échanges, et également avec l’attractivité des lieux d’échanges et de rencontres. Les gares, loin de se réduire à de simples hubs urbains, vont constituer un levier de vitalité économique à l’échelle nationale. L’émergence des city boosters annonce une tendance forte : ce concept de réinvention des gares va loin, bien au-delà de la seule transformation des gares, c’est un concept structurant pour faire vivre la métropole de demain.
En particulier, une dimension essentielle est induite dans le réseau des city boosters : celle du développement durable. On le sait, le transport individuel ne suffira pas pour faire face à l’augmentation du transport, et l’avenir des villes n’est pas dans la perspective de cités encombrées et noyées dans un nuage opaque de pollution. Parce que la seule solution intégrée et responsable est celle du transport collectif, les gares constitueront des éléments clefs dans les villes de demain et dans le réseau global de transport. Carrefours de toutes les solutions de transport, accueillant les vélos et les voitures, connectant les tramways, les métros et les bus, permettant de recharger les véhicules électriques, capables de s’adapter à la montée en puissance des piétons et des coureurs, elles vont devenir un élément fondateur des métropoles durables. La ville va être reconstruite autour de la gare, lieu structurel de la vie en ville et du déplacement local, national, international, et maillon essentiel dans la conception du développement de demain, durable et responsable.
Je vous retrouve vendredi pour le dernier billet de cette séquence sur un sujet qui me tient particulièrement à cœur.